Animale(T01) de Victor Dixen

Lire un Victor Dixen, c’est le moyen le plus sûr et le plus rapide de renouer avec la lecture et de savourer de longues heures sur son canapé en oubliant l’heure. Vraiment, il n’y a rien de plus imparable. Je l’ai découvert avec le premier tome de Vampyria, la saga de Jeanne, et j’ai été happée. En deux jours, j’avais lu un énorme pavé de 600 pages. Puis j’ai voulu poursuivre, parce que ça ne me suffisait pas. J’ai acheté les autres tomes, en poche, et je les ai dévorés tout comme le premier. Curieuse, j’ai voulu voir ce qu’il avait écrit d’autre, et je suis tombée sur Animale. Une réécriture de Boucle d’or et les trois ours.

C’est fascinant. Tout ce côté réaliste et cette appropriation du conte… Il en a fait quelque chose de totalement différent, tout en gardant des liens discrets mais puissants avec l’histoire d’origine. Quand la jeune fille se mêle aux ours, ça donne une héroïne plus réservée, recluse, mais belle comme le jour, avec ce qu’il faut d’incarnation pour qu’on s’identifie ou qu’on s’attache à elle. Je n’ai pas pu m’empêcher de la comparer à Jeanne de Vampyria, pour savoir s’il savait vraiment jongler entre la multitude de personnalités et son imaginaire… et j’avoue : il dépasse toutes mes espérances.

Il y a un soulagement à découvrir l’origine de sa différence. Il y a un soulagement à apprendre enfin pourquoi l’on a souffert pendant toute son existence, et surtout que l’on n’en est pas responsable, que l’on doit juste vivre avec.

Il joue avec les signes et les mythes, avec les contes et la modernité. C’est incroyable, un talent comme le sien : celui de s’approprier nos récits les plus anciens, comme ceux d’Andersen, pour les transposer dans un cadre historique et les faire lire aux adolescents. Parce que oui, Animale est classé en littérature ado, mais comme souvent avec Victor Dixen, un adulte y trouvera aussi son compte. Le temps n’existe plus, on se laisse emporter. Et le plaisir est intact.

J’en ai pris, énormément. Pour chaque détail. Pour chaque trouvaille dans l’intrigue. Pour chaque imbrication logique des événements. Pour chaque tension dramatique. Les pages ont défilé, comme à chaque fois que je lis cet auteur, et sans que je m’en rende compte, j’étais déjà à la fin. Et quelle fin ! Celle qui vient clore cette épopée avec brio.

C’était un cri animal, mais c’était un cri humain en même temps. Comme si l’on avait cousu la langue d’une bête dans la bouche d’un homme.

Entre aventure, introspection, révélations… j’étais, à chaque page, émoustillée. Ne parlons pas du style : si fluide, si clair, et si transcendant. Je crois qu’avec Victor Dixen, les codes de la littérature jeunesse prennent un souffle nouveau. Il incarne ses personnages, les utilise dans une histoire à multiples sens, et garde toujours en vue le plaisir de lire, sans jamais négliger la profondeur. J’ai même renoué avec mes souvenirs d’histoire, la Restauration, Napoléon… Il a réussi à me rendre colérique face à la traque que subissait Blonde. Elle est devenue une amie, tout au long de cette lecture.

Je ne peux pas en dévoiler plus, car l’art de l’auteur repose aussi sur ce qu’il choisit de taire, pour mieux distiller les révélations au fil du récit. Si j’analyse trop, j’ai peur de spoiler. Ce résumé est volontairement bref, mais j’espère que ma passion pour Dixen transparaît. J’aurais aimé en dire plus, mais je manque aussi de recul. Pour l’instant, je ne ressens que de la joie. Celle de savoir que j’ai encore plein de livres à lire de lui. Car oui, j’ai bien décidé de lire toute sa bibliographie. Et je pense, sincèrement, que Animale est une très bonne porte d’entrée dans le genre fantastique et fantasy. Moi qui voulais découvrir ce genre, je m’en rapproche de plus en plus.