Les filles de Salem (la BD de la semaine)

Rendez-vous hebdomadaire du mercredi : La BD de la semaine permet de se réunir autour de la présentation d’une oeuvre graphique (manga, bande dessinée). Aujourd’hui, Les filles de Salem de Thomas Gilbert.

Vous pouvez retrouver mes autres chroniques : L’héritière de Pandore.


Les filles de Salem de Thomas Gilbert

Edité chez Dargaud, en format poche également, la bande dessinée retrace l’histoire des filles accusées de sorcellerie et de ce procès retentissant qui, encore aujourd’hui, hante les esprits. En tout cas, il hante le mien car c’est un exemple de fanatisme monstrueux ayant causé la mort de nombreuses innocentes. L’auteur montre bien à quel point.

En utilisant son trait, en le modérant pour qu’il adopte une touche d’expressionisme allemand (le mouvement violent par excellence, en contestation avec la montée du nazisme et la purge des traumatismes de guerre), les visages qu’il dessine sont désagréables et laissent un goût amer. J’ai eu peur. L’intensité des émotions sont encore gravés dans ma rétine et j’ai eu du mal à le terminer car, plus j’avançais dans le récit, plus ça me semblait insoutenable.

 Je ne vous conseille pas le format poche car la police d’écriture est minuscule et coupe le plaisir de la lecture. D’ailleurs, je ne pense pas avoir ressenti beaucoup de plaisir. Comment en éprouver face à un témoignage pareil ? Je regrette un peu que son parti pris ait été aussi horrifique. Il y a une surenchère dans la violence qui frise le voyeurisme. Les têtes découpées, les boyaux sur le sol… Très peu pour moi. Je crois qu’on appelle ça le torture porn et je ne suis pas adepte de ce genre.

Je comprends, néanmoins, le sens plastique qu’il a voulu transmettre : le dessin se marie parfaitement au propos, un peu trop brillamment parfois. Cette bande dessinée ne fait pas dans la complaisance, elle accuse sans cesse tous les hommes et la société patriarcale. Je me questionne, cependant, car la manière de raconter est extrêmement masculine. Si une femme avait écrit cette histoire, aurait-ce été avec un tel déchainement de violence ? Souvent, il est plus utile de suggérer et de faire participer le lecteur, le faire réagir par la réflexion que de lui dévoiler des images graphiques perturbantes.

Je ne saurais dire si je la relirais car elle m’aura gravé pour quelques moments. La fin, également, appuie sur les blessures. J’en suis ressortie le cœur serré, à l’étroit, étourdi.  


Quelques planches pour donner envie

Categories: Littérature
Celestial

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6 thoughts on “Les filles de Salem (la BD de la semaine)”

  1. « Je regrette un peu que son parti pris ait été aussi horrifique » : Oh. Sans être très tenté, j’avais la BD dans un coin de la tête parce que j’ai vu pas mal de bons retours, mais je n’avais pas tilté sur cet élément. Ça diminue un peu ses chances que je la lise mais je te remercie quand même, je préfère savoir où je mets les yeux. ^^

  2. Ce que tu écris sur l’écriture  »masculine » de la violence ici m’intrigue pas mal et me donne envie d’y jeter un oeil. Je note au passage de plutôt éviter le petit format pour pleinement profiter de l’expérience et arriver à lire xD

  3. La BD est dans ma liste d’envie mais je ne suis pas adepte de la violence trop expressive et omniprésente. Je verrai du coup peut-être si je peux l’emprunter avant de l’acheter pour me faire une idée…

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