
Les mots me manquent pour décrire tout ce que j’ai ressenti à la lecture d’Hyper d’Emilie Chazerand. Ce n’est pas ma première découverte, l’autrice a percé un trou énorme dans mon cœur avant de repartir, ayant déposé tous les germes pour bien soigner ma moi adolescente. Celle que j’étais et qui n’a jamais pu s’exprimer. Alors je la remercie, du fond du cœur, je la remercie pour tout son travail, son intelligence, son empathie, son militantisme, son humour. Toute son œuvre est à mettre entre toutes les paumes des jeunes filles se questionnant ou angoissant, ne s’aimant pas et se dévaluant. Un bon shot d’Emilie Chazerand et la vie semble plus belle, meilleure qu’elle ne l’était avant la lecture de ses romans.
et c’est en cet instant que j’ai compris l’immense pouvoir de ne pas tenir à la vie. De n’en avoir littéralement rien à secouer. Ils étaient là, à s’agiter, et exiger et menacer, et moi je continuais à ranger en rayon les produits éparpillés partout par des clients indécis tandis que mes collègues croassaient, ventre à terre.
Je ne m’attendais pas à ça, je dois bien avouer. Je veux dire, ce n’est pas qu’une histoire contemporaine d’une jeune fille mal dans sa peau, rousse et grosse qui espère, un jour, trouver mieux que la vie. Même pour décrire sa tentative de suicide – dans les premières pages – elle m’a fait tellement rire ! De quoi désacraliser et de porter aux nues les moments les plus tristes et désespérés de la psyché humaine. C’est dynamique, c’est fluide, c’est beau ! C’est beau toutes ces images entremêlées dans l’action d’un contemporain, c’est si bien entrelacé ! Et l’intrigue. On pourrait croire que c’est une histoire d’une jeune fille qui tente de vivre mais elle y a adroitement tissé toute la relation mère-fille.
La plupart du temps, je n’ai pas la moindre idée de ce que je fous là. là = en cours, mais aussi en vie, plus globalement. J’ai des notes nulles. Il y a plus de bulles dans mon livret scolaire que dans un Coca Zéro. Parce que je rends aucun devoir, que je dessine des bonhommes bâtons en trin de baiser sur mes copies. J’apprends pas, ni de mes erreurs, ni de celles des autres. J’accueille rien en moi, à part de la bouffe et du seum. Je suis vide, je suis creuse, je suis conne. Je suis méchante aussi, et ça c’est moins pardonnable. j’ai le coeur dur et la peau molle alors que ça devrait être l’inverse. Surtout à mon âge, non ? Mais je suis coincée, bloquée.
Et c’est peut-être ça qui m’a le plus touché. En plein cœur, un direct du droit qui m’a rappelé ma relation avec ma propre mère. Toute cette colère, toutes ces montagnes russes. On n’ose se dire qu’on s’aime, on ne se comprend pas. Quand la mère essaie de tout faire pour protéger son enfant, l’enfant veut prendre son indépendance. Une peur les relies, c’est extrêmement compliqué de lâcher le nid, que ce soit pour l’une ou pour l’autre. Le roman prend donc un ton universel quand il explore avec naturel et incarne si bien les enjeux parentaux, les enjeux adolescents. Ce n’est pas anodin que notre narratrice voit un psy, tout le monde en a besoin.
Je suis amoureuse du style de l’autrice, amoureuse de ses idées, amoureuse de son talent. Je me réjouis toujours autant de ses nouvelles sorties et j’attends avec impatience son nouveau chef d’œuvre.
Merci pour la découverte, je me le note !
Autant dire que tu me donnes envie de tomber amoureuse à mon tour 😍