
Le soleil, de retour, mon intérêt spécifique – la lecture – change pour découvrir de nouvelles façon de l’écrire, la mer, la plage, les sentiments adolescents lorsque l’année est passée, qu’il n’y a plus à se soucier du passé mais peut-être de l’avenir. J’avoue que je n’ai pas jamais vécu de belles vacances, je me suis toujours réfugiée dans les romans de littérature jeunesse et Young Adult. J’ai inauguré l’été par un roman que je voyais passer depuis quelque temps et un nom devenant de plus en plus incontournable. Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été de Clara Héraut.
Je me souviens que j’avais lu L’été des secondes chances lors de ma deuxième année de fac, dans la maison de ma mère, seule et que je ressentais une si vive émotion concernant ce lien père fille que je n’avais jamais vraiment expérimentée. Je me souviens avoir appelé mon père, pleine de colère car j’aurai tellement aimé vivre avec lui un peu plus, le connaitre un peu plus.
Cette année, je ne sais pas, j’ai commencé à fouiller ma bibliothèque pour voir quels romans j’allais dévorer sur ce thème : le voyage, les pays que j’aimerai visiter, les sentiments amoureux chez les jeunes personnes en fac ou au lycée. Parce que les récits se situant en été raconte une transition, une pause dans l’année scolaire et dans sa poursuite pour laisser la Vie s’acheminer à travers des expériences inédites.
On flotte un moment à la surface, ballotés par les vagues, les bras et les jambes écartés telles des étoiles de mer. Je pourrais rester des heures comme ça à sentir le temps s’écouler et à en savourer chaque seconde, parce qu’Eneko a raison, ça fait peur de grandir.
Le style de Clara Héraut, simple et mélancolique, m’a transporté. Si bien que je me suis couchée en ayant dévorer toutes les pages et en ayant mon visage mouillé par les larmes. C’est époustouflant, je ne saurais employer un autre terme. Il est rare que je pleure pour une lecture. Mais là, j’ai pleuré et deux fois. Parce qu’elle a su expliquer tout ce qui ne va pas quand on est jeune adulte, que l’on sort d’une première année de fac qui ne nous convient pas, que l’on ne sait pas quoi faire, qu’on voudrait rassurer nos proches, ne jamais les décevoir et toujours, toujours, paraître à la hauteur des attentes des autres. On s’oublie alors. On ne dit rien. Plus on ne dit rien, plus on entre dans un cercle vicieux. Jusqu’à la phase où, n’en pouvant plus, la dépersonnalisation apparait, les comportements à risque se manifestent. J’ai fait un appel au secours, mi consciente de mes actes. Une chose, cependant, un cri. Et ce passage est si bien écrit, si bien retranscris, que… Il transcende la fiction pour nous titiller les souvenirs. Quand on dit que son style est intime et universel, je ne peux qu’applaudir.
– Tu sais, je crois que t’as tort de penser qu’on ne peut jamais faire demi-tour. Je crois que c’est ce qu’on fait tous. On tente. On essaie. On se trompe. Parfois on tombe, puis on se relève. Parfois on blesse les gens sans le vouloir. Parfois on se blesse soi-même. Alors on guérit et on avance. Et parfois…Parfois on recule. On revient sur nos pas. On retourne à l’endroit exact où on s’est trompé de chemin et on réessaie. (…)
– Et si on ne sait pas par où aller ? Je murmure.
– Alors on réessaie, encore, jusqu’à trouver. (Une pause.) Et parfois, on s’arrête. On fait une pause. On se laisse le temps de choisir d’aller mieux.
Je suis heureuse d’avoir découvert cette autrice – si jeune, je suis jalouse – car elle a ce don peu commun d’observer et, par celle-ci de créer des histoires qui nous bouleverse. Ce n’est pas une histoire spectaculaire, ce sont deux jeunes sœurs qui ne se parlent plus depuis qu’elles ne se comprennent plus mais qui s’aiment tellement. Et ça se sent, toute cette tendresse qu’elle diffuse tout au long des pages, de longs paragraphes sur les non-dits et comment dire tout ce qu’on garde en soi. Toute cette colère. Tous ces questionnements.
Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été est une lecture inoubliable qui m’a inspiré ma propre intrigue sur cette période de l’année qui est si riche en surprise. Quand on pense vacances, on ne pense pas forcément au vide du rythme des classes et des cours mais surtout à l’inattendu et aux rencontres nouvelles. A la liberté que cela procure de s’apercevoir que ce temps est pour nous. Les romans d’été réveillent toujours des souvenirs précoces et précieux, égayent mon imagination. Avec ces deux sœurs, j’ai suivi une courte période d’aout où tout se révélait, petit à petit, ce mal être si difficile à gérer. Une souffrance si grande. Tout se sait quand le calme revient. Quand la période du bilan apparait.
Alors je m’autorise à aller mal, et étrangement ça m’aide à aller mieux.
Il y aurait tant de choses à dire mais je préfère terminer en gardant de Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été une impénétrable sensation de coup de cœur, de coup de chaud. Clara Héraut entre dans mon panthéon d’autrice de jeunesse et je lirai tous ses romans au cours de l’année. J’ai hâte de la suivre et de me régaler à chaque nouvelle sortie.
Je ne sais pas si je lirai un jour ce roman mais je retiendrai certainement ton avis tout en émotions et sensibilité. On sent à quel point cette lecture t’a parlé et remué en toi un certain nombre de sentiments.
Je suis très touchée par ton commentaire ! J’ai toujours peur de mal transmettre ce que j’ai ressenti pendant une lecture ! Pourquoi tu penses que tu ne le liras pas ?
Non mais déjà, on en parle de la beauté de ce titre 😍 Alors je ne suis pas étonnée que le reste soit à la hauteur, tu me donnes terriblement envie de le découvrir !
Il est vraiment magnifique ! Je te le conseille fois mille ! On ne peut pas rester indifférent à ce qu’elle écrit, ça nous concerne tous