Renaissance professionnelle : des arts à la programmation
Des arts j’ai bifurqué jusqu’à une reconversion me permettant d’avoir des possibilités et une place dans une entreprise, je suis passée des mots et de la beauté à la rigueur et le formalisme hyper-structuré de la programmation web. J’ai ouvert le code source, j’y ai vu des algorithmes, j’ai tenté de fuir plusieurs fois, incapable de me sentir légitime, ne comprenant rien à la logique. Mais ça vient avec le temps, me répétais-je comme mantra. Et oui, ça vient quand on pratique, plus encore quand Chat GPT nous offre son assistance. C’est mon métier, maintenant, et je découvre une ambition telle que je désire devenir DataScientist, porte qui ouvrira encore d’autres possibilités afin de devenir ingénieuse IA. J’aime toujours la littérature, je dévore les livres, m’intéressant aux nouveautés, dévorant les articles déguisés et, prise, piégée, je ne peux me résoudre à ne pas acheter celui-là, Python de Nathalie Azoulai.
Dans les coulisses du développement web : entre création et éducation
Je me trouve de l’autre côté du miroir, celui où les fantasmes sur les ingénieurs informatiques sont absents, pas de roman chez moi puisque je vis la technique tous les jours, je fabrique des sites tous les jours. Pour moi, mon métier rime avec des mots marketings afin de vendre surtout, à des clients non techniques. Je gère des tickets, je fabrique des composants. Mon métier s’apparente à une traduction de la maquette à la réalisation, le HTML/CSS n’a plus de secret, son organisation également. Un code doit être lisible par les collègues, il doit éviter les risques de bugs et les bugs sont souvent des enchainements dû à une mauvaise logique. On ne frappe pas les touches de notre clavier, on note déjà, on dessine des schémas, ce lego va dans cette partie, ainsi de suite. Puis on continue, on teste à chaque fois, afin que la construction en Kapla ne s’éborgne pas. Je vis au quotidien le code et c’est amusant quand il s’agit de projets personnels. Ça l’est moins quand il s’agit de répondre et de devenir pédagogue pour les clients qui n’y comprennent rien. Car, dans le code, il y a une sorte de magie. Le client voit un site hyper esthétique, le guidant dans son parcours, avalant son attention, une vraie prouesse que de maintenir l’attention sur un site, on a besoin des UI/UX pour dessiner ce chemin que le client utilisera. Je suis un client, tu es un client, nous sommes des clients. C’est derrière que ça se passe, dans l’invisible. Un bouton ne fonctionne pas ? Il faudra demander au développeur back, ou full stack (il réunit des talents de back tout ce qui ne se voit pas, et de front, tout ce qui se voit).
Nathalie Azoulai : une quête de sens dans l’univers du code
Nathalie Azoulai voit un jeune homme coder, absorbé, concentré de toute son âme sur son ordinateur et le père parle, fier, de son fils, de ce qu’il fait même s’il n’arrive pas à résumer clairement le métier qu’il exerce. De cet érotisme émanant du corps vient le questionnement pour cette passion. Nathalie veut apprendre ce qui se cache derrière. Mais elle n’y comprend rien, n’y pige pas grand-chose. On lui parle de lignes de codes, exponentielles, de l’histoire du numérique, des hommes souvent cis blancs, et déjà privilégiés, de la Silicone Valley. Elle ira enquêter à l’école 42, là où se regroupe tous les talents de demain, tous ces codeurs dont on aura besoin. Elle dit bien, au début, les bases de ce qu’est la programmation mais c’est une excuse, Python (jeu de mot entre le serpent et le langage), se veut le fantasme de cette femme se sentant vieille, dépassée par la nouvelle génération prête à mettre le pied à l’étrier de la Vie Active. Elle regarde, comme une jeunesse perdue, tout ce qui lui manque, tente de retrouver des repères dans un monde en mutation. C’est la seule, qui a fait l’effort de revenir vers les bases afin de comprendre.
Linguistique et code : quand la littérature épouse la programmation
Grâce à elle, j’ai pu réfléchir sur la signification de mon métier, surtout, faire un lien entre linguistique et code. Car je viens de la littérature, je n’ai pas eu de mal à apprendre la syntaxe des langages de programmation (JAVA et JavaScript pour moi), mais il faut des maths, des notions, en tout cas, pour parfaire le profil du super développeur. D’ailleurs, Nathalie Azoulai se penche plus sur l’humain… non sur la réification de ses personnages. Les hommes qui sillonnent le roman (il y a aussi des femmes mais peu, représentation réaliste de la place des femmes dans ce milieu) sont des objets de désir et de curiosité. Les rôles sont inversés, Nathalie Azoulai bien que débutante dans ce milieu est expérimentée par son âge. Le code s’en va pour laisser place à la nostalgie d’un temps vécu, un paradis perdu. On bascule dans l’univers de l’intime sans transition et sans lien… très peu me chaud que l’excuse du personnage qui code comme une excuse face à cette rupture de ton. Ce que j’essaie de dire, pleine de maladresse, c’est ma deception. Je ne m’attendais pas à la rupture.
Au-delà du code : une attente inassouvie dans Python
J’aurai aimé qu’elle continue son développement sur son enquête, qu’elle dise la profondeur de la métamorphose. Car devenir ingénieure en informatique, surtout par suite d’une reconversion, demande un courage nécessaire. On butera de nombreuses années avant de percevoir un peu d’éclat, un peu de lumière.
Pour aller plus loin
- Python, Nathalie Azoulai, Edition P.O.L