Quels livres offrir à noël ? Des essais

Après des idées de romans à mettre sous le sapin, concentrons nous sur les essais. Quels livres offrir à noël ? Des essais : tout aussi utiles que l’évasion, ce genre ouvre l’esprit et amène des prises de consciences. J’aime lire ces textes pour m’assouvir de savoir et comprendre le monde dans lequel je vis. Ils sont mes premiers coups de cœurs et j’offrirais assurément quelques-uns des titres sus mentionnés à mes proches. L’envie frôle toujours le partage, ainsi, je ne peux m’empêcher d’en parler. Voici huit essais à mettre sous le sapin afin d’enrichir notre savoir. Des à offrir, féministes, économiques, historiques.


A mettre sous le sapin pour s’auréoler de confiances et d’estime de soi

Je ne suis pas le public des livres de développement personnel, au contraire, j’ai tendance à me méfier de cette catégorie puisqu’elle peint un monde trop joyeux et presque utopique. Elle n’hésite pas à insinuer des ordres et des assertions, ce qui n’est pas logique lorsqu’on est sensé écrire un livre sur l’amélioration d’une vie. Je préfère de loin la philosophie moderne qui permet d’exercer notre esprit critique afin de trouver les réponses soi-même.

Une rhétorique défendant l’indépendance de penser

Quels livres offrir à nöel ? Des essais, Jacque Rancière, le maître ignorant, éditions 10/18

Je ne l’ai pas terminé, c’est l’une de mes lectures en cours. Le maître ignorant de Jacques Rancière figure parmi mes lectures marquantes de cette d’année.

J’ai décidé de le nommer quand bien même je m’approche de la fin et que je ne suis pas d’accord avec certaines de ses idées. J’étais, cependant, si enjouée en lisant les premiers chapitres car il élevait ma confiance en moi et me procurait des réflexions que je souhaitais partager. Il annonce directement qu’il exploitera le sujet de l’intelligence. Tout le monde en possède mais beaucoup sont dominés par d’autres intellectuels mieux placés dans la société. D’un exemple concret ; celui d’un professeur qui enseigne des choses qu’il ne sait pas, il nous guidera au travers d’une réflexion construite et politique. Je me suis accrochée à ce que j’aimais dans cet essai : la verve et la colère produite pas l’injustice. La déclaration d’indépendance d’exercer son intelligence pour s’émanciper d’une société qui nous contrôlerait. Mais j’abandonne petit à petit par trop de répétitions et d’un discours oubliant le sujet initial.

Je le propose, tout de même, car il est important de prendre conscience de notre force de frappe et de nos capacités dans un monde qui nous réduit de plus en plus.

Une démocratisation d’un talent pour tous

Quels livres offrir à nöel ? Des essais, Le talent est une fiction, éditions Le livre de poche.

Vous l’avez certainement entendu dans le premier épisode du podcast La dernière animé par Guillaume Meurice, l’autrice été invitée pour parler de sa spécialité : la neuroscience. Samah Karaki a rédigé un essai pas piqué des hannetons ! Avec Le talent est une fiction, elle cherche à nous convaincre qu’un talent existe selon des dispositions déjà vécues depuis des générations avant le possesseur d’un don unique.

La lire, c’est plonger dans l’humour auréolé d’érudisme. C’est se sentir un peu plus intelligent qu’avant l’avoir découverte. Je suis en recherche perpétuelle de confiance, et lire ce genre de manifeste m’aide considérablement à relativiser ma vie dans une société que j’abhorre frénétiquement. Avec des séances d’EMDR et un médecin traitant au top, je ne peux que mieux vivre. Mais parfois, j’ai besoin de ces moments de lecture sur les sciences cognitives, aussi pour envisager le monde comme il est réellement : plein de complexité.

J’aimerai accepter que le manichéisme ne figure pas en ce monde. Le talent est une fiction se glisse pour creuser un trou dans nos pensées afin de nous aider à envisager une société plus égalitaire. Couplé au Maître ignorant, vous aurez de quoi songer à une intelligence collective et ça fait rêver.


Lire pour se révolter dans une dictature

Quand on donne le pouvoir à un régime totalitaire

Quels livres offrir à nöel ? Des essais, Azar Nafisi, Lite Lolita à Téhéran, éditions Zulma

Je m’abreuve de littérature perse et iranienne, écrite souvent par des femmes immigrées, ayant fui l’Iran lors de la révolution. Cette culture me fascine et j’aime à m’immerger dans les descriptions même si, souvent, elles dépeignent une société effroyable. Ils pensaient que la révolution amènerait à plus de démocratie, à plus de liberté, ce fut tout le contraire. Et, lorsque, acculé et obligé de mentir constamment pour se protéger, on subit de jour en jour un choc post traumatique élevé, on se replie vers une bibliothèque nous éloignant du bruit des bombes.

Azar Nafisi organise des clubs de lectures, des cours entre les murs de sa maison. Femme iranienne, intellectuelle et passionnée de littérature, elle explique la dangerosité d’affiner son esprit critique. Il y a de moins en moins de livres autorisés par le parti nous raconte-t-elle, alors qu’elle a besoin d’une ressource pour survivre à cette vie qui semble plus une survie. Partout, le risque rôde de se voir arrêter, de se voir tuer dans les manifestations organisées. Partout, l’oppression accule et ordonne une loi islamique de plus en plus lourde pour l’esprit. Alors l’autrice écrit, prend une voix sublime et égaie – un peu – inspire – beaucoup.

A la fin de Lire Lolita à Téhéran, j’ai acheté Lire dangereusement et l’ai lu dans la foulée. Puis j’ai noté tous ses titres, toutes les œuvres dont elle parlait, avec le désir puissant de remédier à celles que je n’avais pas encore découvertes. Elle paraît nous dire que la littérature et l’art en général, nous unit et nous rend fort. La création a toujours un pouvoir immense sur les dictatures à combattre puisqu’elle insuffle de l’espoir et de la réflexion.  

Ne jamais oublier les conséquences de la seconde guerre mondiale

Quels livres offrir à nöel ? Des essais, Etty Hillesum, Sylvie Germain, éditions Points sagesse

Ce n’est pas très juste mais c’est l’impression que m’aura laissé – à chaque fois que je lis des textes sur la seconde guerre mondiale – cet essai, écrit par mon autrice favorite, Sylvie Germain. Elle s’empare d’une figure discrète, puissante, une jeune fille née dans la mauvaise époque, racisée parce que juive dans les années 1940. Etty Hillesum sera figure presque divine, tant sa foi est forte, tant son âme crie le pardon et la spiritualité.

Elle commence par décrire sa vie avant la montée au pouvoir des nazis ; déjà, elle semblait si vive, si intelligente et en quête perpétuelle d’une spiritualité la rapprochant de dieu. Et, lorsqu’elle participa à l’organisation des déportations – en Pologne, un groupe de conseillers juifs fut obligé de désigner ceux qui partiraient – elle refusa la corruption, se mit elle-même dans le train afin d’aider dans le camp où elle atterrit. J’avoue ne plus me souvenir des détails. Néanmoins, je sais que ce sacrifice m’inspire. J’ai tenté de me mettre à sa place mais n’ait pu imaginer mon comportement. Toute la peur que cela engendre et qu’elle a effacé au profit d’aider son prochaine, une telle abnégation…

Mes mots ne peuvent pas transmettre ce qu’a ressenti mon cœur lors de cette lecture. Il faut le lire. C’est tout. Il faut le lire.


Trois essais à mettre sous le sapin afin d’égayer notre âme féministe

Une lecture nécessaire

Triste Tigre, Neige Sinno, éditions Pol, ici comme ailleurs

L’année dernière, Neige Sinno s’est fait connaitre pour son récit – essai – sur l’inceste. Triste Tigre assemble et tente de recoller des morceaux d’elle, petite, de comprendre l’inadmissible et de le transmettre. Prendre la plume pour changer la loi et une société, pour revendiquer les souffrances et essayer de les faire admettre, de les conscientiser aux yeux des lectures. J’étais le public visé puisque j’ai également des choses à régler, à soigner. Je collectionne des livres à ce sujet et je me fais un devoir d’en parler.

C’est touchant, effroyable aussi. Cette mise à distance afin de ne pas pleurer. On la suit, tout au long du périple, cette quête qui ne mènera pas à grand-chose. Mais le résultat ne compte pas. Le chemin ouvre des portes de discussions. Je conseille ce texte pour cette raison, pour qu’il passe entre toutes les mains et qu’il ouvre à des conversations. Pour que l’on décide de ne plus ignorer un enfant sur vingt qui tremblent en rentrant chez eux. Il fait écho à mon passé mais aussi à un stage que j’ai effectué en tant que professeur. J’ai vu ces enfants dans la salle de classe, manquant de confiance et agressif car il se passait l’horreur chez eux. Et j’ai essayé d’avertir.

L’autrice décide d’écrire car il va de sa responsabilité et nous la partage. Dans la même veine j’ai écouté le podcast et ensuite lu le livre de Charlotte Pudlowski, Ou peut-être une nuit.

Un classique assez court mais plein de verves et de révolte

King Kong Theorie, Virginie Despentes, éditions Le livre de poche

Tout le monde la connait, elle écrit parfois des articles dans Libération et encourage la désobéissance civile. Elle encourage la parole à jaillir des gorges. Ne ménage pas ses efforts et sa fougue. Elle a eu une carrière avant de rédiger des romans. Elle fume, a une voix cassée, mais inspire le respect. Elle impressionne. Virginie Despentes. King Kong Therorie se dresse dans une bibliothèque idéale féministe. Il est court, et parlera à toutes.

La genèse de son écriture se situe dans la colère éprouvée après avoir vécu des violences que presque toutes les femmes vivent. Il faut le dire, sans détours, sans tact ni diplomatie. Virginie ne coud pas de la dentelle, elle taille ses mots comme Nicki de Saint de Phalle peignait ses œuvres : avec une carabine.  La colère est omni présente, elle purge les passions et toute cette frustration qu’on éprouve à vivre dans une société patriarcale.

Un noël ne serait pas réussi sans King Kong theorie sous le sapin.

Traverser l’histoire d’un point de vue féministe

Rage against the machisme, Mathilde Larrère, éditions Le livre de poche

Beau jeu de mot pour le titre de cet essai ludique, au ton accrocheur et au contenu nécessaire afin de pouvoir posséder des repères. L’histoire, vue du point d’une historienne, peut enclencher une passion pour d’autres lectures. Ne pas rester figée sur l’histoire que l’on enseigne à l’école mais déplacer notre regard vers d’autres sphères de nos anciennes civilisations. Rage Against the machisme écrit par Mathilde Larrère ne décorera point vos bibliothèques : il approfondira l’histoire en se concentrant sur les femmes.

Comment les droits des femmes ont-ils évolué ? Comment les a-t-on obtenus ? Car nous partions très bas dans le droit commun. Pas de majorité, pas de droits, le devoir d’enfanter car considérées comme un corps, un arbre fruitier appartenant au mari, mari ayant droit de mort sur nous. Nous n’étions rien et nous nous sommes battus jusqu’au bout. D’ailleurs, nos droits durement pris ne sont pas acquis et il pèsera toujours une menace (l’avortement tout ça) sur notre corps.

Cet essai se lit tout seul, et excuser mon manque d’inclusive car il est aussi à confier dans les mains des hommes afin de déconstruire toute la doxa sur le féminisme. Nous ne voulons pas plus de privilèges que les hommes, nous voulons simplement être vue comme des êtres humains. Ce serait le minimum pour une vie commune dans une société. L’égalité.


Un essai bonus à glisser sous le sapin

Vous ne détestez pas le lundi, Nicolas Framont, éditions Les liens qui libèrent

Je traine sur Instagram et je scrolle beaucoup, parfois, je tombe sur des auteurs que je suis et qui compte, comme Nicolas Framont et son fameux Parasites. L’entendre parler de son nouvel essai, Vous ne détestez pas le lundi, m’a subjugué, j’ai couru le commander. D’ailleurs, il correspondait pile poile à mes recherches de sens puisque, tombée en dépression (est-ce que je l’ai déjà dit dans l’article ?) j’avais besoin d’hausser mon humeur. Rien de telle que la colère joyeuse et révoltée !

Je le confierai entre toutes les mains, plus que nécessaire, cet essai, court et se lisant très rapidement, pose des bases d’observation et de réflexion sur ce qu’est le monde du travail aujourd’hui. Pour compléter, j’ai lu Le management désincarné qui ajoute une analyse extrêmement détaillée et terrifiante du taylorisme d’aujourd’hui. Si les bullshits jobs amènent toujours au burn out, ne faudrait-il pas mieux de tenter de changer notre rapport au travail ? Est-ce normal de se lever le matin et de ne pas se motiver pour notre profession ? On passe 70% de notre temps dans notre entreprise, à s’esquinter la santé afin de grossir la richesse des capitalistes. Or, la notion travail peut contenir une notion de santé et de sens si celui-ci n’était pas détruit par une taylorisation massive. On ne voit plus rien, tout est fragmenté et nous ne touchons pas un gramme du travail fini. Ce qui, inévitablement, mène à la dépression.

A lire, donc, pour tout le monde, afin d’exercer notre émancipation intellectuelle et de construire une société meilleure pour nos enfants.


Voici les huit essais à glisser sous le sapin le soir de noël afin d’égayer les esprits et de les alimenter correctement de pleins d’idées différentes ! Lisez-vous des essais ? Quels sont ceux que vous offrirez ?

Categories: Littérature
Celestial

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